Naàlia de Andrade Faria

Description physique : Et bien, en réalité, on ne peut pas réellement dire que Naàlia ai un physique banal. Déjà, la jeune femme est particulièrement grande pour son âge et pour son sexe. Chose qui ne la dérange pas réellement mais tout le monde n’est pas du même avis, car c’est vrai que Naàlia ne cadre pas avec l’image que la société se fait de la femme comme étant fragile et discrète. Oui, de fait, la discrétion, ce n’est pas trop le fort de la demoiselle. Cela se remarque déjà dans sa démarche assurée et franche : une femme devrait se mouvoir comme un papillon et non comme un homme. Et puis, la vérité c’est qu’en ce qui concerne ses tenues, on ne peut pas dire qu’elle passe inaperçue : elle n’a aucun penchant pour les dentelles et autres froufrous, éléments qui sont pourtant bien à la mode auprès des femmes. Par contre, Naàlia voue un véritable culte aux chapeaux, élément masculin par excellence. Les siens sont d’ailleurs remarquables par leur taille et leurs garnitures : plumes, fleurs, rubans,… tout y passe. Tout cela forme donc un ensemble pour le moins, inattendu.
Pourtant, si on analyse uniquement le physique de la demoiselle - ce qui, vous en conviendrez est indécent - on n’y trouvera rien de particulier. Ou, peut-être si. Naàlia est une méditerranéenne - elle est d'origine Portugaise, tout ce qu’il y a de plus banal : une longue chevelure de jais, soyeuse et aussi indomptable que la mer et un teint de peau laiteux, plutôt inattendu pour une jeune femme qui a vécu tout sa vie sous les tropiques. Cependant, contrairement à la plupart des personnes typées méditerranéennes, les yeux de Naàlia sont bleus. Et pas un bleu azur, plutôt un bleu glacial. Et malgré le fait que son regard s’enflamme souvent, on ne peut s’empêcher de voir Naàlia comme une personne hautaine et dédaigneuse, bien que cela soit à nuancer.
Enfin, la jeune femme est plutôt fine et son corps est ferme, souple et musclé, conséquence inévitable des nombreuses activités physiques qu’elle pratique. Et bien qu’elle soit mince, on peut dire sans trop d’exagération que ses formes sont voluptueuses.

Naàlia est une jeune personne très indépendante et débrouillarde pour une femme de son époque. Par conséquent, elle est souvent censurée par le reste de la société pour son attitude trop masculine. Elle est en effet très franche, souvent à la limite de l’arrogance, surtout envers les aristocrates qu’elle fuit comme la peste. Naàlia n’hésite pas non plus à se montrer cynique avec ces derniers, surtout si ils se trouvent être particulièrement frivoles et superficiels - défauts qu‘elle a en horreur. Néanmoins, Naàlia est plutôt du genre à éviter les conflits : pas par manque de courage, loin de là. En fait, elle n’aime pas les disputes car elle a du mal à contrôler sa colère. Heureusement, il est en général difficile de la faire sortir de ses gonds. Il en résulte qu’auprès des personnes qu’elle n’apprécie pas, Naàlia sait se montrer absente la plupart du temps.
Elle est aussi une personne très ouverte, du fait de son enfance. Comme elle a vu beaucoup de choses dans sa vie, la différence est quelque chose qu’elle apprécie. De la même manière, Naàlia se trouve être une personne relativement solitaire. Et elle reconnaît ne pas être très douée pour les relations d’amitié avec les autres filles. Elle préfère volontiers parler avec des hommes, mais cela demeure rare. Quant à la religion, on ne peut pas dire que Naàlia soit une personne pieuse. Néanmoins, elle va à la messe comme tout le monde.

Douze Septembre de l’An de Grâce Mille Huit Cent Cinquante-Trois.

À vous qui lirez ceci,

En ces terres d’Afrique, il y a un proverbe qui dit qu’une pirogue n'est jamais trop grande pour chavirer. Et bien, il me semble que ce dernier m’a apprit plus de choses que les colons n‘en ont enseigné aux autochtones. Mon frère était comme la pirogue, il soutenait toute notre famille et il la protégeait à travers les flots déchaînés de la vie. Il était admiré autant par les autorités coloniales que par les populations locales : le vieux sage d’un village avait un jour dit à mon père que son fils était plus fort que la savane. Et c’était vrai, il était plus fort que quiconque car il connaissait la nature du cœur des hommes et il savait comment les manipuler.

Moi, il ne m’a jamais dupé. J’ai toujours su ce qu’il était. Et malgré cela, je pense bien que l’aimais. C’est peut-être pour cela que les choses ont mal tourné.

La première fois que mon frère et moi on s’est réellement parlés, je devais à peine avoir 7 ou 8 ans. Lui, il était bien plus vieux que moi : il avait la vingtaine. J’ai beau savoir que les filles et les garçons ne doivent pas être élevés ensemble, cela m’a toujours paru étrange. Mais en réalité, tout ce qui concerne mon frère m’a toujours semblé bizarre. La première fois, disais-je, il m’a fait peur. Je ne me souviens pas vraiment ce qu’il m’a dit mais, j’ai sentit qu’il éprouvait de la haine envers moi. Et du dédain. Pas par jalousie ; une femme, ce n’est rien en comparaison à un homme. C’était plutôt du dédain ou du mépris. Je compris plus tard pourquoi.

Notre mère mourut quand j’avais 2 ans. En réalité, elle était déjà souffrante depuis quelques temps et j’imagine que la grossesse avait fini par l’achever : elle a fini par mourir du paludisme. Peu de temps après, mon père épousa une femme beaucoup plus jeune que lui. De l’âge de mon frère. C’était une belle personne, fraîche et vive mais aujourd’hui encore, j’ignore si elle était simplement vénale ou si elle avait été victime d’un mariage arrangé. Toujours est-il que, malgré mon jeune âge, j’ai vite compris que mon frère et elle entretenaient une relation atypique. Ce qui vient à se confirmer bien plus tard. Je les avais surpris ensemble un soir. Leur petit manège durait depuis quelques années et apparemment, notre père ne se doutait de rien. Quant à moi, du peu que je savais « des choses de la vie », je n’avais aucun doute sur le fait qu’ils entretenaient une liaison. Et pour mon plus grand malheur, mon frère s’était aperçu de la chose. Et ma « nouvelle » mère, également. Heureusement pour moi, je me trouvais assez bien protégée par ma bonne et par mon père. Je n’étais pas souvent à la maison, sinon, j’ose à peine imaginer ce qu’ils auraient pu me faire…

Un jour pourtant, où mon père était absent, mon frère m’emmena à la côte. Il voulait me faire voir la mer. Évidemment, je me doutais bien de quelque chose : il n’avait jamais manifesté le moindre intérêt envers ma personne, et là, il voulait qu’on partage un moment ensemble. Nonobstant le fait que je connaissais la côte par cœur, j’avais accepter de l’accompagner. Après tout, c’était mon frère. J’eus tort.

On mit du temps à arriver. Et le temps était très mauvais. On voyait déjà une tempête se profiler à l’horizon. Nous nous promenâmes un temps sur la plage, sans mot dire. Et puis, en un instant, il pris de force avec lui et se dirigea vers les vagues à toute vitesse. Évidemment, je me débattais et me mis à crier de toutes mes forces mais rien n’y fit. Il alla de plus en plus au fond, là où je n’avais plus pied, là où il avait de plus en plus de mal à traverser les vagues… Trempé, il me regarda et me dit « On ne sera pas trop de deux à expier mes fautes ». Et il essaya de me noyer, en maintenant ma tête dans l’eau.

Du reste, je ne m’en souviens pas. Je dus perdre connaissance. À mon réveil, j’étais chez moi et mon père m’avoua que mon frère était mort noyé. D’ailleurs, lui-même ne savait pas comment j’avais bien pu m’en sortir, et je mis longtemps à me remettre de ma noyade.

Sa femme était toujours là. Elle l’est encore aujourd’hui. Mais j’ai décidé de ne rien dire, ni sur eux, ni sur la noyade. Si mon père est heureux, c’est la seule chose qui compte. De toute façon, cela n’a plus aucune importance. N’oubliez pas ceci : c’est quand les personnes sont vivantes qu’il faut faire quelque chose. Après, cela ne sert plus à rien.

Naàlia venait de tout relire une dernière fois. La vérité lui pesait tellement qu’elle avait décidé de jeter une bouteille à la mer, avec ce petit message, avant de partir pour l’Europe. L’Afrique, c’était sa vie et c’était son cœur. Et maintenant que la perspective d’hériter de tout ceci se profilait à l’horizon, Naàlia devait partir pour parfaire son éducation. Tout en soupirant, elle enfila le papier dans la bouteille qu’elle referma et envoya cette dernière de toutes ces forces. Il fallait faire preuve de courage, ne dit-on pas qu’après la tempête, vient le beau temps ?